Article 1 « Quelle devrait être la politique des médias concernant l’identification de la foi d’une personne dans leurs reportages? »
Le rabbin Reuven Bulka est le chef de la congrégation Machzikei Hadas à Ottawa et l’animateur de l’émission « Sunday Night with Rabbi Bulka » sur les ondes de 580 CFRA.
Ottawa Citizen, 2 janvier 2011. Reproduit avec la permission de l’auteur.
Une équité constante. Ni plus, ni moins.
Je ne suis pas sûr que ce soit le rôle des médias d’annoncer la foi d’une personne à chaque fois qu’ils traitent d’un sujet qui les concerne. Où cela s’arrête-t-il? Chaque fois que nous mentionnons un homme politique, sommes-nous obligés d’annoncer sa foi ou son absence de foi?
Et si nous devons annoncer la foi ou le manque de foi d’une personne, pourquoi ne pas annoncer son plat préféré, ou celui qu’elle aime le moins, le nombre de siestes qu’elle fait par jour et son lieu de vacances préféré?
Il arrive que des croyants commettent des actes dignes d’intérêt médiatique, qu’ils soient positifs ou négatifs. Un chef religieux impliqué dans un scandale sera certainement accablé d’opprobre, et à juste titre.
L’impression créée est que c’est la religion qui a provoqué la déviance. Cette conclusion est absurde, mais elle est certainement suggérée – même si, espérons-le, elle n’est pas intentionnelle. Ce qui est clair, c’est que la foi religieuse n’a pas empêché la déviance. Et il est presque impossible d’éviter l’identification à la foi lorsqu’il s’agit d’un chef religieux.
En revanche, si un chef religieux fait quelque chose d’extraordinairement louable, il est normal que sa foi soit prise en compte dans les reportages. En général, les médias sont d’accord, même si le risque de scandale est plus élevé que celui d’une bonne action. Mais ce déséquilibre est vrai pour tous, pas seulement pour les chefs religieux. « Un homme mord un chien » est plus médiatisé qu’un « un chien mord un homme ».
Cette question devient plus complexe lorsqu’elle implique une personne autre qu’un chef religieux. La religion de Tiger Woods n’était pas directement évoquée dans les reportages médiatiques sur ses aventures. Pourtant, il a lui-même admis qu’une partie de son problème résidait dans son déviation de sa foi. On ne peut pas critiquer les médias qui rapportent cela, car c’est lui-même (Woods) qui a ouvert cette voie.
Autrement, à moins que l’affaire rapportée, pour le meilleur ou pour le pire, ne soit liée à la foi, il n’y a aucune raison de la mentionner. Autrement dit, quelle que soit la décision des médias, elle doit être juste et cohérente, et non pas imposer une règle aux croyants et une autre aux incroyants.