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Article 5 « Quelle devrait être la politique des médias concernant l’identification de la foi d’une personne dans leurs reportages? »

Le révérend Ray Innen Parchelo est un prêtre novice Tendai et fondateur de la Red Maple Sangha, première communauté bouddhiste laïque de l’est de l’Ontario.
Ottawa Citizen, 2 janvier 2011. Reproduit avec la permission de l’auteur.

 

La plupart des médias sérieux semblent avoir déjà établi des principes appropriés. Nous ne recevons généralement des informations permettant d’identifier les personnes que si elles ont un lien avec le sujet de l’article. Ainsi, nous pouvons entendre « des chrétiens rassemblés à l’église Sainte-Marie en l’honneur de… » plutôt que « un groupe de jeunes juifs jouant au basket le… ». Cela va de pair avec des reportages non identifiables sur l’origine ethnique et l’orientation sexuelle. On peut dire que cette politique fonctionne. Cependant, pour ceux qui connaissent la composition des quartiers de la ville, des suppositions peuvent subsister lorsqu’ils lisent ou entendent parler de l’arrestation d’« Ahmed Muhammed, 18 ans » dans un quartier majoritairement palestinien.

Une tendance médiatique plus problématique consiste à qualifier les individus d’individus à l’aide de termes désuets et biaisés qui ne servent qu’à estomper les distinctions ou à enfermer les gens dans des stéréotypes. Ainsi, on continue de qualifier les utilisateurs de fauteuil roulant de « fauteuils roulants » ou, dans les cercles religieux, les personnes adhérant à certains enseignements religieux de « fondamentalistes ». Ces dernières décennies, nous avons appris que les mots comptent et qu’ils ont le pouvoir de nous enfermer et de nous restreindre. Il suffit de comparer la différence entre l’utilisation du terme « libéral » dans les médias américains et canadiens. Reporter en est venu à signifier caractériser les personnes au bénéfice de son public cible, plutôt qu’explorer des enjeux et des idées.

Cela s’inscrit dans une tendance encore plus inquiétante des médias contemporains, ce que l’on pourrait appeler le « Twittereporting ». Nous bénéficions de moins en moins d’analyses approfondies et de faits soigneusement vérifiés. Dans la course pour être le premier à révéler les potins du moment, dans la course pour s’assurer la première place dans les audiences ou la diffusion du mois, les médias s’appuient trop souvent sur des superficialités. Les histoires jaillissent, comme des rochers dans un étang, sans jamais laisser derrière elles la moindre trace de sens ou d’analyse. La transformation de l’information en divertissement nous a appauvris et nous a encore plus encouragés à accepter une capacité d’attention vacillante.

L’utilisation de mots d’identification aussi pratiques, mais finalement discriminatoires, ne fait que soutenir une compréhension superficielle et banalisante de notre monde.

 

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